Une thèse en 3 minutes !
Cette année, l’Université Bordeaux Montaigne organise sa deuxième édition du concours Ma thèse en 180 secondes. Co-organisé par le CNRS et la conférence des présidents d’université (CUP), il offre l’occasion aux doctorants et aux nouveaux docteurs de faire état de leur recherche auprès d’un public profane. Les étudiants ont jusqu’au 15 février pour s’inscrire et avoir peut-être la chance d’aller jusqu’à la finale internationale à Rabat en septembre prochain.
De l’Australie à Bordeaux Montaigne
Inspiré du Three Minutes Thesis (3MT®) de l’Université du Queensland (Australie), le concept fut ensuite repris en francophonie. Un moyen pour le CNRS et la CUP de promouvoir la recherche française. L’idée est simple : chaque candidat doit présenter son sujet de recherche à un public profane en 180 secondes, et pas une de plus ! Un défi de taille puisqu’il s’agit de se montrer clair, concis et convaincant en s’appuyant sur une seule et unique diapositive.
L’UBM a ainsi organisé sa première édition l’an passé. 9 doctorants ont répondu à l’appel avec des sujets aussi variés que Réjouissances monarchiques et joie publique en France de 1715 à 1789 (Pauline Valade) ou Dynamique sédimentaire et diagénétique au paléogène en contexte précoce de bassin d’avant pays dans le domaine Nord-Pyrénéen (Adrien Maufrangeas). Après leur passage devant les jurys, seuls 5 sont retenus pour la finale régionale et un des candidats reçoit le prix spécial des étudiants du Master Médiation des Sciences. Malheureusement, en 2015 aucun n’est allé jusqu’à la finale nationale. C’est pourquoi l’UBM compte sur vous cette année pour montrer au reste de la France, voire du monde, le dynamisme de la recherche dans nos murs !
La marche à suivre pour les futurs candidats
Le concours suit un calendrier précis. Tous les doctorants ont jusqu’au 15 février pour soumettre leur candidature auprès de l’UBM. Seules conditions : avoir un projet de recherche suffisamment avancé et s’exprimer en français. Les candidats seront ensuite convoqués début avril pour deux séances de quatre heures d’entraînement aux techniques de l’oral, dispensées par un comédien. Puis viendra la grand saut : la finale de l’université, la finale régionale (qui regroupe les universités de Bordeaux, Bordeaux Montaigne et de Pau et des Pays de l’Adour) et enfin la finale nationale avec les 27 candidats correspondant à chaque regroupement régional d’université. Le gagnant de cette finale aura alors le privilège de se rendre à Rabat le 29 septembre pour la finale internationale francophone.
Une « expérience inoubliable »
Mais alors pourquoi participer ? Pour répondre, rien ne vaut l’avis d’une ancienne candidate. Alice Parutenco, actuellement en seconde année de doctorat en études slaves, avait participé à la première édition avec sa thèse intitulée Phénoménologie et esthétique théâtrale. Reconnaissance de l'héritage russe. Elle confie : « Au début, j'avais plus peur qu'envie de participer », et ajoute « avoir éprouvé quelques réticences ». Néanmoins, tout cela est minime comparé à tout ce qu'a pu lui apporter ce concours. Elle décrit l'exercice comme « un exercice de synthèse [...] fondamental au travail de tout chercheur ». Un moyen pour les futurs docteurs de se préparer aux exercices de médiation qui les attendent, de s'interroger sur la manière de présenter au grand public le fruit de leurs recherches. Ce qu'Alice Parutenco qualifie de « recherche sur la voix, sur la transmission et sur le dire de sa thèse », « et le véritable plaisir était précisément dans cette recherche-là ». Un réel exercice de communication en somme !
Toutefois, il ne s'agit pas de voir le concours comme un exercice désincarné ; bien au contraire ! Alice Parutenco se souvient encore « des rencontres et des échanges » réalisés au cours de son expérience. Elle estime même que cela a été bénéfique pour son travail puisque le challenge lui a permis d' « affirmer l'identité de [son] objet de recherche au sein de la communauté scientifique et culturelle franco-russe ». Enfin, elle invite tous les doctorants désireux de se lancer à ne pas hésiter. Tout ce qu'ils risquent : une expérience enrichissante à la fois sur le plan personnel, scolaire et professionnel !
Interview d’Isabelle Froustey (responsable) et Pierrette Langlais, chargées de communication et des médias à l’UBM.
Qu'est-ce qui a poussé l'UBM à se lancer dans l'aventure de Ma thèse en 180 secondes en 2015 ?
P. L. : L’université a plusieurs missions : l’enseignement, la recherche et la diffusion des savoirs au plus grand nombre. Et ce concours s’inscrit dans cette dernière mission : rendre accessible ces savoirs afin que le grand public puisse y accéder. Ce que le format des 3 minutes permet. Les doctorants sont souvent seuls avec leur sujet, c’est alors l’occasion de faire connaître leur démarche et leur recherche à travers un concours relativement médiatisé. L'an passé, l'école doctorale Montaigne-Humanités participait pour la première fois à ce concours.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
P.L. : On a travaillé avec l’école doctorale, qui regroupe tous les doctorants à l’université (plus de 570 à l’UBM), pour valoriser le travail de ces doctorants au moyen de formations données par un enseignant aux techniques d’écriture -un ancien journaliste. C’était à la fois stimulant et récréatif.
I. F. : Et cela a créé une véritable cohésion entre les membres du groupe. La formation qui a été proposée a été rajoutée à la formation de l’école doctorale. C’est un plus pour les doctorants. Le formateur s’est associé avec un autre qui est comédien. Il travaillent donc à la fois sur le discours et sur la posture : c’est une plus-value intéressante pour l’ensemble des doctorants.
P.L. : Pour cette première année, on avait laissé un peu de côté l’esprit de compétition. A l’UBM, on participe pour mettre en valeur nos doctorants et la recherche en sciences humaines.
Que souhaitez-vous dire aux étudiants qui hésiteraient encore à s'inscrire ?
I.F. : Tous ceux qui ont participé l’an dernier étaient d’accord pour dire que c’était quelque chose d’extrêmement stimulant. Ils se confrontent à la même question : comment présenter à un public néophyte un sujet compliqué ? Et c’est une autre façon de valoriser des recherches qui demeurent souvent un peu impalpables.
P.L. : Cela va beaucoup leur apporter quoi qu’il arrive, à la fois sur leur posture, la manière de présenter leur thèse au grand public, et en échanges humains.
Calendrier
15 février 2016
Date limite de dépôt des candidatures
4 et 11 avril 2016
2 sessions d’entraînement aux techniques de l’oral
14 avril 2016
Finale de l’Université Bordeaux Montaigne
26 avril 2016
Finale régionale
Juin 2016
Finale nationale
29 septembre 2016
Finale internationale francophone à Rabat
Contact : mt180s@u-bordeaux-montaigne.fr
Informations : site de l’Université Bordeaux Montaigne et de Ma thèse en 180 secondes.
Corentin Lacoste