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Voyage au coeur d'intinérences :

l'exposition photos de Ferrante Ferranti

Vestige de l'invasion allemande lors de la 2nde guerre mondiale, la base sous-marine de Bordeaux ( arrêt Bassins à flot tram B), gigantesque colosse de béton armé, accueille de nombreux événements culturels et notamment jusqu'au 13 décembre, l'exposition de photos de Ferrante Ferranti : Itinérances (gratuite).

Ferranti, né à Alger dans les années 60 est un grand voyageur et son travail est marqué par son intérêt porté aux différentes civilisations de ce monde. L'exposition se déroule comme un voyage dans son œuvre, dans son approche de la photographie au fil de différentes salles thématiques, crées spécialement pour cette exposition.

Sur les chemins du sacré, 1ère salle à thème, nous offre un parcours parmi les Hommes de foi de ce monde. Dans cette série, c'est tout l'art de la composition de Ferranti qui est mis en avant. Vous croiserez ce pèlerin sikh (Inde), de dos, se baignant dans les rives bordant le temple d'or, image simpliste au premier regard mais qui dégage au travers de ce corps d'homme enturbanné une force insoupçonnée, une vision du dévouement aux dieux qui nous saute au visage. Tournez la tête, un religieux grec, absorbé par la seule source de lumière de la scène, dégage ici aussi un certain mystère. La photo invite à se raconter une histoire et chacun trouvera la sienne dans cette photo.

 

Montez les marches, cette musique monacale vous appelle. Pénétrez dans cette salle glaciale, apaisante et imposante. Où que se porte votre regard, sont accrochés des portraits du Christ sculptés par Fransisco Lisboa dans lesquels Ferranti saisi l'Humanité et non la mysticité qui habite Jésus.

Rentrez maintenant dans le 2nde aile de l'exposition. Ici, la thématique Eros solaire : regard de l'artiste  sur de nombreuses sculptures antiques et baroques. Musique d'opéra en fond, les sculptures photographiées semblent prendre vie, à l'image de ce bronze d'Herculanum au regard si blanc et si humain. On se demande alors si l'on est touché par la sculpture, ce génie antique du réalisme, ces courbes parfaites ou bien par la photo qui a été faite de l’œuvre. Le maniement de la lumière par le photographe semble en effet être un élément déterminant dans cette irréelle résurrection des statues ; à vous de juger.

Poursuivez la visite dans la salle «  Errances Â», et tout le talent de cadreur du photographe vous sautera à la figure (il se dit lui même prêt à attendre des heures pour avoir LA bonne image). Ces photos, témoins des nombreux voyages du photographe, nous font aller d'Italie au Japon en passant par les Philippines. Tout y est méticuleusement agencé : un canoë parfaitement aligné à cette île déserte elle même parfaitement disposée sous ce nuage qui couvre un ciel parfaitement bleu. Les photos de Ferranti semblent irréelles, ce qui n'est pas sans laisser un arrière goût de surfait. Cependant, on trouvera des photos intéressantes comme ce vieil homme assis dans l'ombre tout à fait excentré sur la droite de la photo.

 

Enfin, on fini l'exposition avec la thématique «  Instant précieux Â». Photos prises furtivement lors des déambulations du photographe. Si ce n'est cette photo très sombre de cet hindou absorbé par une entité hors cadre, ces photos prisent sur le vif n’accueillent que très peu le mystère et l'imagination. Même ces belles (esthétiquement parlant) photos en noirs et blanc semblent manquer d'aspérités, de quelque chose auquel ce raccrocher pour que le photo nous happe tout entier.

A souligner qu'il y a aussi à l'étage une projection de film où Ferranti évoque son métier et ses activités annexes (enseignement, …). Reportage intéressant mais peu pertinent par rapport à l'exposition, si ce n'est le fait que Ferranti retouche ses photos en corrigeant les balances de gris etc. Cela pose question et nous renvoi à notre considération de l’œuvre d'art.

 

Doit-elle être l’œuvre brute de l'artiste ou peut elle être remodelée, retouchée, ici en l'occurrence artificiellement ?

 

Jules Le Pallec

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