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Utopia, un cinéma à taille humaine

Depuis l'an 2000, une petite fourmilière vit cachée dans l'ancienne Église Saint Siméon, place Camille Jullian: Elle répond au doux nom d'Utopia, et c'est en réalité un cinéma. Mais attention. Pas un cinéma avec des milliers de salles où l’on s'entasse avec du pop-corn devant des films d'actions. Non. Utopia, c'est un cinéma engagé qui sait pourquoi il est là.

Niveau attributs physiques, laissez-moi vous le décrire: Un café pour débriefer les films à la sortie des salles, un hall bien haut du plafond, et cinq salles qui ont gardé leur ancien look ecclésiastique. Ne vous méprenez pas cependant, le religieux s'arrête là: Les films qui passent ne sont pas toujours très catholiques !

En ces temps où l'amalgame est l'ennemi public numéro 1, débarrassons nous de celui qui voudrait assimiler Utopia à ses concurrents géants; Car "Utopia est une S.C.O.P (Société COopérative et Participative), il n'y a pas de hiérarchie entre les salariés" nous prévient Stephen Bonato, qui travaille à Utopia Bordeaux. Et c'est loin d'être un détail.

Car actuellement, Utopia Bordeaux fait partie d'une chouette fratrie de six frères et soeurs, dispersées dans toute la France et tous indépendants les uns des autres: Toulouse, Tournefeuille, Montpellier, Saint-Ouen-l'Aumône en banlieue Parisienne et Avignon, la terre natale, sont leurs lieux de résidence.

Mais alors pourquoi avoir élu domicile dans notre chère Girondine ?  "À un moment donné, il n'y avait qu'une seule salle à Bordeaux qui proposait des films autres que des grosses productions américaines et françaises, ce qui est aberrant pour une ville de cette ampleur” , nous dit S.Bonato. Utopia s'implante en fonction des occasions qui se présentent; On est très loin des stratégies commerciales façon multinationale. Là où il y a en a le besoin, il y a un Utopia si les budgets le permettent. Et croyez-moi ou non, c'est indispensable: Il y en a bien un en effet qui doit se charger de montrer qu'il y a autre chose au cinéma que des comédies françaises à l'intrigue carambar et des blockbusters américains avec du sang, des agents de la C.I.A et des voitures qui explosent.

 

Que veut Utopia, au final ? C'est simple: "La philosophie d'Utopia, c'est de proposer au plus grand nombre du cinéma dans toute sa diversité". Il suffit de parcourir la gazette distribuée à l'entrée pour constater que nombreux sont les films diffusés que vous ne verrez pas ailleurs; Ce n'est ni par envie de se démarquer à tout prix, ni de l'élitisme visant à exclure les ignorants, ceux dont la culture cinématographique se résume à Harry Potter (attention, les 8 films d'Harry Potter !). En vérité, c'est surtout par nécessité de mettre en valeur les petits trésors cinématographiques pas forcément rentables et qui, sinon, peuvent passer totalement inaperçus. Parce que oui, même si ces films sont loin d'assurer le remplissage des salles et des caisses, ne pas les montrer, c'est laisser mourir la cause du cinéma par tous et pour tous. Utopia diffuse ces rescapés de l'oubli avec tout l'amour et le soin qu'on lui connaît, parfois pendant plusieurs semaines d'affilées. Ces films-là, de tous genres et toutes langues, sont là pour assurer la survie d'un patrimoine mondial qui ne se meurt qu'en apparence: Sans eux, comment oser prétendre à l'existence d'une culture universelle ? Permettre une juste représentation de la production cinématographique actuelle, dans tout ce qu'elle a d'international, d'imaginative, d'originale: C'est le défi qu'Utopia relève tous les jours dans l'ombre des géants.

 

Utopia fait de son mieux pour assurer un confort optimal au spectateur; Car non, le confort ce n'est pas de se goinfrer de M&M'S devant Hunger Games. Gazette gratuite pour une première approche des synopsis, VOSTFR systématique, publicité jetée aux oubliettes (à l'exception parfois d'une bande-annonce diffusée en amont de la projection) ou encore distributeurs de diabète sont bannis de l'enceinte du cinéma. Dans tout ça, il ne faudrait pas oublier qu'Utopia ce n'est finalement pas qu'un cinéma: Certains jours, ses entrailles prennent vie grâce à l'organisation de cinés-débat en compagnie d'associations locales. Quoi de mieux pour se former l'esprit ?

 

Au final on pourrait croire, à tort, qu'Utopia est une entreprise pérenne; Mais comme tous les super héros, elle lutte pour survivre. Sous perfusion du public (sa principale source de revenu), elle joue son avenir au jour le jour.

 

Si après toutes ces explications, vous ne vous sentez pas en mesure de sauter le pas, par exemple parce que vous craignez d'être noyé dans une foule de cinéphiles incollables, détrompez-vous immédiatement: Il n'y a pas de videurs à l'entrée ! Tout le monde est là pour la même chose: Voir du cinéma, du vrai, quelle que soit son éducation en la matière.

N'oublions pas que le credo d'Utopia est de permettre un accès universel à la culture: Sachez d'ailleurs que cet objectif est facilité par une politique des prix immuable, et ce malgré les difficultés financières: 4€ la première séance chaque jour de la semaine, 4€ la séance pour les possesseurs de la carte jeune de Bordeaux (accessible jusqu'à 25 ans, voir bordeaux.fr, sauf samedi, dimanche jusqu'à 19h, jours fériés et veilles de jours fériés), 6,50€ la séance en tarif normal et enfin abonnement unique à 48€ les 10 séances (soit 4,80€ la séance) sans limite de temps.

 

Si après ça, vous n'êtes pas convaincu...

 

Site web d’Utopia Bordeaux : http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/

Pour aller plus loin : http://www.salles-cinema.com/actualites/cinemas-utopia-anne-marie-faucon

 

Clara Grevaz

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